De certaines relations viscéro-cutanées métamériques (dermalgies-reflexes viscerales) en acupuncture par le docteur Henri Jarricot

NB : je publie ici une version "restaurée" d'un article écrit par l'un des plus grands messieurs de la médecine chinoise en France, le Dr Henri Jarricot. Suivra une série d'articles sur ces travaux.

I. — INTRODUCTION

J’ai consacré des années de mon existence, clinique et scientifique, à l’étude des relations viscéro-cutanées. Il en est résulté des conclusions diagnostiques claires, des applications thérapeutiques, des notions enrichissantes sur un plan conceptuel général.

D’entrée, je tiens à souligner que chaque zone de dermalgie-réflexe n’a été admise qu’après des enquêtes diagnostiques nombreuses, répétées, recoupées par des explorations radiologiques ou instrumentales spécialisées (E.C.G., cœlioscopie, etc.) et, bien souvent, par des constatations chirurgicales.

Mais, jusqu’à ces dernières années, je n’avais étudié, pratiquement, que les projections thoraco-abdominales qui se prêtent aisément à l’exploration clinique de par l’étalement des dermatomes d’arrière en avant. En m’essayant à déterminer les projections viscéro-cutanées dorso-lombaires, l’importance, puis les difficultés d’une connaissance exacte, précise des données métamériques se sont affirmées. .

Si j’insiste, c’est pour que chacun soit assuré que mon apport s’établit sur des données anatomo-cliniques classiques. Je l’ai fondé sur le merveilleux travail neuro-anatomique de J. Dejerine. Et, dans un temps second, j’ai confronté mes schémas et ceux de l’acupuncture traditionnelle. J’ai « décalqué », en quelque sorte, leurs données réciproques, sans jamais distordre un trait, sans jamais forcer une proximité pour en faire une coïncidence.

Si mes premiers contacts avec l’acupuncture sont anciens (Jules Régnault, Ferreyrolles), j’ai, depuis toujours, demandé dans ma pratique clinique, la collaboration d’acupuncteurs émérites. Si, dès 1955, je proposais à un congrès d’acupuncture l’étude des dermalgies-réflexes, mes rapports avec cette science sont devenus plus étroits en participant à la vie du Groupe Lyonnais d’Etudes Médicales (G.L. E.M.), où brillent Niboyet, Casez, Quaglia-Senta (1) et leur élèves. Et, c’est à l’instigation du Médecin-Colonel J. Borsarello que ce mémoire a pris naissance.

(1) Je ne saurais assez recommander la lecture attentive du livre de A. Quaglia-Senta, l’Acupuncture Chinoise (Maisonneuve, édit.), où toute une partie des notions étudiées ici sont exposées par un neurologue de talent, doublé d’un acupuncteur de tradition.

Un deuxième point est à souligner : on ne me fera pas dire que le but poursuivi est de restreindre l’acupuncture à l’étude de données neuro-anatomiques et cliniques plus ou moins nouvelles. A peine est-on entré dans cet édifice qu’on reste confondu par l’ampleur et la qualité des connaissances dont il est fait et les richesses scientifiques qu’il contient. Mais je pense, contrairement à ce qu’on affirme parfois, qu’il est possible d’adjoindre à l’acupuncture traditionnelle, sans la trahir, sans l’altérer, l’enrichissant apport de nos connaissances actuelles.

Dans cet essai, mon propos est modeste, limité ; j’ai tenté d’analyser :

1°) Le rapport des quatre grands méridiens projetés sur la paroi thoraco-abdominale, leurs relations possibles avec les dermalgies-réflexes thoraco-abdominales et la distribution métamérique.
Ainsi s’établit, chemin faisant, la « parenté » des points situés sur des méridiens différents, mais « contenus » dans la même métamère.

2°) Les rapports des métamères de la région dorso-lombaire et la distribution de la « Chaîne des Yu », ceux avec la branche externe du « méridien de la vessie » et avec les points du « Du Mai ».

Je n’ignore pas que bon nombre de ceux qui ont étudié, avec Soulié de Morant, l’acupuncture, ont, pour la région dorsale du tronc, évoqué le problème de la métamérisation ( Choain, Emerit, A. Quaglia-Senta). Emergent encore les travaux de Marcel Martiny qui, dépassant, en une intuition philosophique remarquable, le problème de la métamérie transversale, introduit le séduisant concept de la métamérisation cyclomérique. Les recherches récentes de Becker lui viennent en renfort. Je ne puis, ici, détailler l’historique de ces relations.

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Métamérisation inspirée de DEJERINE - D'après une planche : Hong-Kong, 1970
Figure empruntée à Karl Hansen et Hans Schliack : Segmentale Innervation (1962). FIGURE 1
Figure 2 - métamérisation inspirée de DEJERINE
FIGURE 3 - Agencement des dermalgles réflexes selon H. JARRICOT Métamérisation Inspirée da DEJERINE
Métamérisation inspirée de DEJERINE - D'après une planche : Hong-Kong, 1970

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