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Ambiguïté des traductions des textes classiques
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Avec d’autres écrits philosophiques et scientifiques chinois précoces, tels que le Dào Dé jīng et le Yì jīng, le Nèijīng est un exemple de texte jīng (經). L’une des caractéristiques déterminantes des textes classiques jīng (經) est que, comme toute grande œuvre d’art, ils ont la capacité de soutenir de nombreux points de vue différents, qui peuvent changer au fil du temps.
Dans les traditions littéraires chinoises, ces textes sont des écrits séminaux qui ont le potentiel de créer et de nourrir des traditions philosophiques et scientifiques entières sur des générations.
Dans la traduction des textes du Nèijīng, il n’est donc pas rare qu’un seul passage soutienne plusieurs points de vue valides, qui coexistent souvent. Le résultat est que l’établissement de traductions définitives pour un passage donné reste méthodologiquement impossible.
UNE VISION PLUS RÉALISTE DE LA TRADUCTION DES TEXTES CLASSIQUES EST QUE, POUR UN PASSAGE DONNÉ, UNE VARIÉTÉ D’INTERPRÉTATIONS EXISTE TOUJOURS, CHACUNE ÉTANT PLUS OU MOINS FIDÈLE À LA LANGUE SOURCE ORIGINALE ET AU CONTEXTE HISTORIQUE, CHACUNE OFFRANT DES POINTS DE VUE UNIQUES, ET CHACUNE ÉTANT PLUS OU MOINS EFFICACE DANS SA MISE EN PRATIQUE CLINIQUE.
DE CETTE FAÇON, CHAQUE TRADUCTION REFLÈTE LES POINTS DE VUE ET LES COMPRÉHENSIONS PERSONNELS DU TRADUCTEUR.
LES MEILLEURES PRATIQUES DE TRADUCTION EXIGENT DONC QUE CHAQUE TRADUCTEUR ÉNONCE CLAIREMENT SES PROPRES POINTS DE VUE POUR PERMETTRE AU LECTEUR D’ÉVALUER CORRECTEMENT SON TRAVAIL.
Par exemple, ma propre compréhension du Nèijīng est que, cette collection d’écrits scientifiques précoces, est basée sur des observations détaillées du monde naturel et qu’elle décrit les modèles invisibles des mouvements de l’espace-temps qui créent et gouvernent l’univers.
À partir de ces observations scientifiques, les auteurs ont ensuite établi une pratique complète de la médecine.
Cela signifie que lorsque je suis confronté à un passage spécifique du texte, qui contient plusieurs significations possibles, je choisi généralement celle qui est cohérent avec mon point de vue.
Une autre personne fera probablement des choix différents qui peuvent également se révéler être totalement valides.
Ce biais doit être clairement indiqué afin que l’étudiant puisse évaluer correctement les hypothèses de recherche de chacun.
EN OUTRE, TOUTE MÉTHODE CLINIQUE SPÉCIFIQUE QUI DÉCOULE D’UN POINT DE VUE DONNÉ, REFLÈTE ÉGALEMENT CES BIAIS.
AINSI, TOUTE MÉTHODE CLINIQUE BASÉE SUR LE NÈIJĪNG DOIT ÉGALEMENT IDENTIFIER LE OU LES INDIVIDUS QUI ONT CRÉÉ LA MÉTHODE, AINSI QUE LEURS POINTS DE VUE SUR LA TRADUCTION, AFIN QUE CETTE MÉTHODE PUISSE ÊTRE CORRECTEMENT ÉVALUÉE PAR D’AUTRES.
Bien que l’impossibilité de créer une traduction, et donc une méthode, ‘absolument juste’ puisse, à première vue, sembler être une limitation, c’est en fait une force.
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Merci Sylvain pour toutes ces données !Avec le Nei Jing comme d’autres textes fondateurs il.y a le texte de départ puis toutes les strates de commentaires et d’interprétations.Avec le handicap pour nous non chinois d’une écriture Chinoise ,des caractères qui exprimeent des idées plus qu’un fait parfois.
Tes sources et tes commentaires sont remarquablement documentés.
Mais as tu une traduction de référence du Nei Jing en français ou faut il lorgner chez les anglo saxons?
Merci encore pour tous ces partages!
Emmanuel Poulain
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J’utilise le plus souvent les traductions de C. Milsky & G. Andrès, Paul Unschuld et Henry Lu.
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